Un souffle…

Un souffle…

Un_souffle

Je cesse de quêter, ce qui de loin me dépasse,
Ma ténuité me limite, à une certaine place.
Les petites choses, me mènent aux sublimes,
Les sublimes me confondent, puis je m’incline…
Je m’enrichis de ce que j’abandonne,
Je m’appauvris si au vide me cramponne,
Je suis nanti de ce que je cède, et délaisse,
Je trouve une grande force, en ma faiblesse,
La beauté je la vois dans cet abandon à l’hiver,
Qui impose le printemps ou tout redevient vert !
Rester, garder, retenir, clouer mon histoire,
M’enrichir, avoir raison, défendre ma gloire :
Réfléchir et vivre ainsi ma courte existence,
M’éloigne de moi-même, augmente la distance,
Avec la paix intérieure et la profondeur,
Celle ou le moment furtif se vit en longueur…
Je respecte les autres et de cœur les aime,
Je me dois toutefois, d’abord à moi-même !
Je ne choisis plus entre attaque et défense,
Ces tourments sont passés, je ne sors plus la lance !
Mon arme est ma conscience, ma paix ma victoire,
Je laisse aux petitesses, leurs glorioles dérisoires.
L’important est d’être, non pas de paraître,
Celui qui s’exige ainsi, engage tout son être !
Je m’éloigne de ce qui, furtivement m’abîme,
Je m’approche, de ce que la beauté affine,
Une fleur solitaire embellit cette prairie,
L’oiseau dans le ciel montre du bleu l’infini,
L’intuition d’un jour, une parole, une ligne,
Un sourire, un geste, un regard, un signe,
Qui s’exprime dans un moment qui déjà passe,
En laissant un effluve, une simple trace,
Fixe l’éternité dans l’instant et l’élève,
Un achèvement s’installe, comme une trêve…
Une trêve ? Vivre est donc un moment qui fuit ?
L’essentiel du jour, est contenu dans la nuit ?…
Si tout passe, que peut il rester de nous,
Sinon ces graines d’amour, semées partout ?
C’est bien dans les détails, dans l’insignifiant,
Que la vie s’installe, et défie les temps.
Hier je regardais, les feuilles voler dans le vent,
Et ce matin la neige va les couvrir de blanc,
Demain une bourrasque m’emportera loin d’ici,
Un souffle…
Un souffle ? N’est ce pas ce qui initia ma vie ?
Jusqu’à ce moment, j’ajouterai ma romance,
Et offrirai mes mots, mon amour, au silence…
Puisque chaque intervalle peut recevoir le tout,
Dans le vertige du néant, je resterai debout !

Hubert Dugon