Ordre et désordre liés à la naissance

Ordre et désordre liés à la naissance

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Lors de ce colloque, une intervention m’a particulièrement interpellée. Il s’agit de la présentation de Michel Odent au sujet de l’accouchement. J’y ai repéré des liens avec la pratique de l’Intégration Posturale Psychothérapeutique.

Michel Odent nous a sensibilisés à la physiologie de l’accouchement. Son état des lieux des pratiques dans le monde a été plutôt alarmant. Il en ressort que cet acte a été hyper médicalisé et que les femmes ne « savent plus accoucher naturellement ». Les chiffres appuyés sur des études aux Pays Bas révèlent que la morbidité voir mortalité est plus importante au cours des accouchements par voie naturelle et de surcroît à domicile.

L’ocytocine, appelée également hormone de l’amour, joue un rôle essentiel dans l’accouchement. Dans la pratique médicalisée, elle est couramment injectée. Pour un déroulement naturel du processus, il se pose deux problèmes :
1. substituée artificiellement, la production de cette hormone est inhibée.
2. l’activité dans la salle de travail n’est pas propice à la sécrétion de l’ocytocine.
En effet, la lumière, les mouvements, le stress du père, la sensation d’être au centre et d’être observée sont des facteurs qui peuvent induire une augmentation de sécrétion d’adrénaline chez la parturiente. Celle-ci inhibe la sécrétion d’ocytocine.

L’accouchement étant un processus naturel, même archaïque, il conviendrait de le laisser se dérouler. Toute intervention peut stimuler une décharge d’adrénaline, antagoniste de l’ocytocine. Les paroles, l’excès de lumière, la présence d’un papa anxieux, l’activité intense des professionnels ont pour effet de détourner la parturiente de son mouvement naturel.
Les conditions idéales seraient un espace intime dans lequel la femme pourrait se laisser aller avec le mouvement, le son et s’appuyer sur la douleur pour mettre au monde son bébé en interactivité avec celui-ci.

J’en arrive au rapport avec l’Intégration Posturale Psychothérapeutique. La vie met à l’épreuve les individus et ceux-ci peinent parfois à y faire face. Cette difficulté engendre des souffrances et des tensions qui se manifestent par des symptômes psychiques ou physiques.
En première intention, une aide est souvent demandée à la médecine. Celle-ci est dans la majorité des cas scindée entre psychiatrie et médecine somatique. La coupure est matérialisée et elle se répercute chez l’individu (les raisons de cette coupure sont en fait encore plus vastes).

Désespéré ou bien renseigné, l’individu s’oriente vers un psychopraticien certifié à orientation psychocorporelle pour trouver une aide. Dans la méthode de l’IPP, j’en arrive au rapport avec l’accouchement, l’accent est mis sur plusieurs facteurs favorisant un processus d’autonomisation :
• La mise en confiance par l’échange verbal.
• La relation de sympathie favorisée par l’expression du ressenti corporel du client puis (ou précédé par celui) du thérapeute (voir Jean Ambrosi)
• La nécessité d’un environnement sécurisant.
• Une qualité de présence dans le toucher.
• Des interventions verbales limitées pendant le processus physique afin que le sujet puisse laisser émerger une partie plus archaïque.
• L’espace doit permettre l’expression du mouvement accompagné d’éventuels sons.

La question de la douleur s’aborde sous deux aspects. D’une part, elle est souvent majorée par les facteurs de stress d’où la nécessité d’un environnement sécurisant (favorisé par la qualité de l’accompagnant). Puis sous part physique, mécanique incontournable. Celle-ci fait partie d’un passage obligé pour avancer, mettre au monde. En thérapie, il est proposé de s’appuyer dessus pour trouver la force nécessaire au passage, à l’accouchement de soi même.

Pour illustrer mes propos, je peux citer l’exemple d’une collègue, en grande difficulté lors de l’accouchement de son deuxième enfant. La sage femme dans sa détresse ou par intuition, lui a tenu des propos qui l’ont heurté au plus profond d’elle-même. Elle s’est mise tellement en colère qu’elle a poussée de toutes ses forces pour enfin mettre au monde son bébé. Aujourd’hui, elle dit que cette femme l’a sauvée de la césarienne.

Parmi les multiples raisons qui sont à l’origine de la surmédicalisation des accouchements, je pense que l’angoisse, la coupure avec son corps, le manque de confiance en soi et peut être un déficit de transmission au sein des lignées féminines ont contribué à ce transfert de compétences. Il s’agit d’une réflexion qui n’engage que moi. Chacun y trouvera peut être d’autres éléments, selon son vécu et sa sensibilité.